3/12/2009

Note de lecture

Pour passer l’examen de l’entrée en doctorat, la lecture de l’histoire de la littérature française serait à la fois une catastrophe et un cauchemar. Tu te jètes dans un creuset en ouvrant un bouquin intitulé Littérature française, car jamais tu ne tiendrais compte parfaitement de ce que c’est le romantisme, et tu serais rapidement brouillé par les caractéristiques différentes de chacun des poètes du XIXe et du XXe sièceles, car tu n’as, peut-être comme moi, lu aucun poème de ces talents.

Mais l’histoire de littérature ne présente pas que les choses « démodées » ou « étranges » ; l’idée de considérer l’histoire comme un cycle peut aussi s’y justifier, au moins par les similitudes entre le passé et notre présent. Il suffit de voir la littérature du XIXe et du Xxe siècles, surtout le développement du romantisme au symbolisme puis au roman des années 1920-1930, pour trouver une correspondance sentimentale.

Le XIXe siècle (jusqu’au début du Xxe siècele) est marqué par l’essor scientifique et le positisme, mais dans la dimension spirituelle, il semble qu’il se trouve souvant dans une impasse. La société matérialiste et le contentement du progrès font dominer cette époque à la médiocrité. On voit un refoulement du mouvement de libido et une difficulté de trouver une sortie pour le désir et l’affection. Dès le commencement, le mal du siècle se diffuse sous forme de l’ennui, de l’énergie inemployée, de la marginalisation dans la société et de la nostalgie du passé. Bien que le romantisme constitue une réaction contre la pesanteur du classicisme et du rationalisme, la société de plus en plus pervertie par la richesse matérielle, comme le réalisme a dépeint, ne permet pas de trouver une voie satisfaisante dans la recherche spirituelle. Le révolte de Beaudelaire, de Rimbeau tiennent la réalité comme le tremplin et s’efforcent à travers les correspondances d’atteindre un état d’âme plus pur ; quant aux symbolistes, ce sont les images différentes et souvent obscures qui rendent service à la quête du Moi ; alors Nerval, quoiqu’il ne connaisse pas encore la découverte freudienne, a déjà commencé à porter ses regards vers le rêve et la folie.

Si le Xxe siècle est depuis son début marqué par le progrès de la psychologie, c’est parce que la découverte à l’intérieur de l’esprit, celle de l’inconscient, nous conduit à un nouveau monde et nous permet de nous livrer de la souffrance précédente. L’avènement de la nouvelle forme romancière en témoigne. Pourtant, aujourd’hui on se trouve de nouveau dans une crise au milieu d’une société non moins matérielle que celle du XIXe siècle, une société consommatrice dont l’instabilité est sans précédent où domine le succès de carrière ou de finance. Encore une fois et plus que jamais, nous nous sentons médiocre et ennuyé et menacé par l’incertitude. Est-ce qu’on doit attendre l’apparition d’une autre découverte grandiose ou une autre crise humaine pour se libérer ou se réveiller ? Avant d’avoir une réponse, on a à tâtonner peut-être longtemps dans les ténèbres les plus éclairées par la civilisation humaine.

1 commentaire:

  1. Le tâtonnement est un signe d'intégrité, la reconnaissance d'une cécité aléatoire qui nous épargne la fatuité du sot qui prétend savoir... Dans ces ténèbres majestueux où s'enlacent la psychanlyse et la poésie, la philosophie et le roman noir, c'est à dire la littérature et "le métier de vivre", le champ des possibles n'est limité que par la dictature des petits maîtres qui n'ont d'autre ressource que l'autoritarisme. Notre libre-arbitre nous accorde la possibilité de nous jouer de leur médiocrité...

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