3/03/2009

Après Julia Kristeva

Une conférence me paraît toujours une situation d’accident qui regroupe tant d’éléments inattendus qu’elle ne peut satisfaire qu’une envie de renconter quelqu’un physiquement plutôt que spirituellement.

Même pour un personnage aussi renommé que Julia Kristeva, ça me donne la même impression : une parole raccourcie à cause du mal à la gorge, une chute de la chaise et une situation un peu chaotique dans la salle de conférence.

Heureusement, le discours que Kristeva aurait donné est imprimé avec une traduction et distribué à l’avavence. De là on voit, malgré la performance effective pas très satisfaisante, une préparation soigneuse et bien réfléchie qui nous est à la fois impressionante et inspirante.

Son discours se divise en deux parties qui, correspondant au titre « Une Européenne en Chine », concerne respectivement la Chine et l’Europe. Ce sujet se nuance en fait de la proposition invitante de M. Gao Xuanyang (prof de la philosophie française et directeur de la faculté de la culture européenne de l’Université de Tongji) sur la démocratie et la femme, mais s’approfondit ainsi en abordant le problème de l’identité.

Les deux questions posées au tout commencement qui ont déjà accompagné Kristeva à son premier voyage en Chine font écho dans mon esprit. Surtout la première qui interroge sur la raison de la particularité du communisme chinois. Mais cette particularité n’est pas perçue de la même façon pour elle et pour moi. Né dans un pays qui prône d’abord une voie canonique puis une voie à la chinoise du communisme, ce mot reste pour autant un mythe pour moi, alors que pour elle, c’est évidemment le communisme chinois qui est énigmatique. Si je veux de nouveau savoir les différences entre les communismes occidentaux et chinois, Kristeva cherche évidemment à éclairer cette question à partir de l’interrogation sur les conceptions traditionnelles chinoises et une subjectivité spécifique chinoise. Voilà sa deuxième question.

Cette fois-ci, après ses études longues de la sémiologie, de la philosophie, de la psychanalyse etc., elle revient en apportant plusieurs réponses qui pourraient éclairer cette question. Elle cherche à expliquer l’idendité chinois par le concepte de « li » qui regroupent tous les dichonomies ensemble ; et les intonations et caractères de la langue chinoise lui servent évidemment un point pertinent par excellence pour se rendre compte des relations sociales fortes existant entre les Chinois. Cela, comme un coup de foudre, me frappe à la tête : c’est génial de penser sous un tel angle et d’une telle façon !

Bien qu’elles soient impressionnantes, les explications données par Kriseva gardent toujours une distance, me semble-t-il, avec la réalité de la Chine. Elle parle dans la salle d’une université chinoise comme dans un cours de son université Paris XII. Si les questions qu’elle apportait dans son premier voyage en Chine restent toujours d’actualité, il semble apparemment qu’elle n’ait pas de nouvelles questions durant ce nouveau voyage. Et celu-ci, qui ne se réalise que 35 ans après le premier, a un sens jusqu’à maintenant inconnu autant pour elle que pour nous, car le changement se passe non seulement en Chine mais aussi chez cette femme. D’après moi, la complexité de la culture chinoise est toujours un miroir qu’elle utilise d’abord pour une compréhension enthousiaste de l’idéologie communiste puis pour une observation non sans inquiétude de la culture occidentale dont elle va traiter dans la deuxième partie de son discours.

Cette partie est plus difficile pour moi, faute d’une connaissance solide des pensées occidentales, mais ne satisfait peut-être pas mon cher ami O* qui veut comprend mieux l’idendité européenne et les problèmes dont il se préoccupe. Le mot-clé de sa parole est en fait clair, c’est la pluralité qui constitue son attitude à l’égard des problèmes réels et de l’avenir humain. Il est évidemment que Kristeva ne cesse de réfléchir du changement et du présent de l’Homme et de la société occidentale. Ce qui m’intéresse le plus, ce sont les deux modèles de liberté qui nous promettent une voie de sauter de la causalité d’un monde du libre-échange en crise et d’une logique consomatrice. Ses constations sont immédiates dans une mondialisation de la crise et une crise de la mondialisation ; mais aussi historiques et critiques. Du moins, ce serait un bon exemple de réflexion approfondie.

Certes, ces opinions riches sont loin d’être les idées figées et doivent connaître une évolution au fil du temps. La conférence, en tant que situation d’accident pour moi, a pour objectif d’inspirer et dialoguer plutôt que d’enseigner. Ce qui restera dans mon cerveau peut-être plus longtemps que ces opinions-là, ce sont une envie, suscitée par Kristeva, de chercher le plaisir dans la découverte des énigmes de ma propre culture et identité. Je suis aussi beaucoup touché par le souvenir profond et l’admiration que Kristeva doit à R. Barthes qui justifie la plurarité par ses propres études et reste toujours le bon exemple de l’esprit critique pour moi.

3 commentaires:

  1. Il fallait bien un contenu... Comme toujours, au moins comme souvent, un comparatif des cultures chinoise et européenne aura été le prétexte à susciter ce que tu nommes fort justement "une envie". Il me semble que c'est précisément ce qui manque, un peu partout autour de moi, de nous... Kristeva a donc, malgré une conférence très moyenne pour les diverses raisons que tu évoques, réussi quelque chose d'important. En espérant bien sûr que, parmi les auditeurs, d'autres que toi aiennt ressenti ce désir d'aller plus loin, plus large, plus haut... Osons rêver!

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  2. Je me sens souvent et curieusement impuissant de rêver...le flot de la conscience est souvent coupé par les "vides"; l'esprit ou une idée se divise même en plusieurs fragments qu'on peine à rassembler et restaurer.
    Est-ce que l'exploision des informations forgent un nouveau mécanique psycho?

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  3. The perception doors d'Aldous Huxley... Autres temps, autres crises, autres consciences...:)

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