2/12/2009

Monologue

Appelle-moi Robinson.

Seul dans une chambre à 4 lits, je ne connais personne du même étage. Donc avec personne je ne peux bavarder. Je m’asseois à côté d’une fenêtre d’où je peux voir des bâtiments gris et un terrain de sport sur lequel des élèves s’amusent peu. Je me penche quelque fois sur la table, las des livres autour de moi. Ce qui m’accompagne comme le chien qui rappelle l’autre Robinson la civilisation, ce sont mon ordinateur et ma radio.

Comme je parle peu (sauf dans la cantine avec la serveuse), pour maintenir la capacité de langage, j’écris. Journal, log-book, mémoire, gros mots, n’importe quoi. Bien-sûr c’est monotone, car c’est monologue. Au début, cela m’inquiète et même m’énerve. L’homme n’est pas dauphin, il ne peut se localiser à seule ainde de l’écho sans aucun autre repère. Mais enfin je m’y habitue. Je ne sens plus le pesage du vide de même que l’homme ne sent plus la pression de l’atmosphère.

A part écrire, je lis aussi. J’aimais la lecture, mais de plus en plus, elle devient dure pour moi. Je ne comprends pas pourquoi. C’est peut-être que mon intelligence se diminue dans la solitude ou bien que l’ambiguïté possède plus de livres. Une chose pourrait jeter quelque lumière sur ce problème. J’affronte un mémoire et un examen, dont les visages hideux font de l’ancien ami l’ennemi le plus effrayant. En tout cas, je dois encore m’y adapter. Un homme à l’âge de 25 ans doit lutter pour sa vie, si le diplôme et l’examen constituent eux-aussi moyens de survivre.

Toutefois, il semble y avoir toujours une voix, malgré faible, au fond de mon coeur, une envie de parler, de parler haut, de crier. J’imagnie que c’est une bombe, un réacteur nucléaire, qui va exploser, va sauter tout ce corps fatigué l’enveloppant, sauter toutes les contraintes extravagantes pour délivrer une nouvelle vie. C’est le travail de Vendredi, bien sûr ! Mais où est le mien ?

1 commentaire:

  1. La solitude est un exercice périlleux... N'est-ce pas la punition ultime de la prison quand le détenu est mis à l'isolement? Cependant, si l'on observe ce qu'ont pu en faire Kierkegaard ou Nietzsche, ou bien d'autres moins illustres, et que l'on considère qu'un destin est en train de s'accomplir à sa façon, alors on aborde des rivages dont la sensibilité n'est plus douloureuse mais au contraire porteuse d'une ivresse très particulière. L'acceptation de cette situation, le refus de la considérer comme une punition ou une injustice, génère une liberté inconnue qui peut déclencher une effervescence créatrice qui ne serait pas envisageable dans un contexte plus peuplé, plus sociabilisé... En désespoir de cause, on peut appeler Marc-Aurèle à la rescousse: "Ce n'est pas la situation, le problème, mais comment nous la vivons..." Courage, mon ami! Ton oeuvre est devant toi...:)

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